Un Dieu « ami des hommes »
Nous avons commencé le cheminement en méditant sur le mystère de la passion du Christ et en recherchant une connaissance profonde. Nous allons aujourd’hui commencer par une idée sur le nom de Dieu. Parmi les noms de Dieu utilisés par les pères il y a phylantropos, « ami des hommes ». Mais de quelle manière l’amitié est-elle possible sur la terre entre les gens ? Est-ce que la gratuité est possible ? Celui qui aime les hommes rend cette amitié, cette gratuité, possibles. Mais jusqu’où peut-il aller pour fonder cette culture de l’amitié humano-divine. L’image du cœur ouvert symbolise la porte de l’amitié qui s’est ouverte, l’amitié entre les hommes et la possibilité de s’aimer et se supporter les uns les autres. Nous voyons dans les évènements de la passion une description de cette amitié. Jésus dit aux apôtres dans Lc 22/28 : « Vous, vous êtes ceux qui avez persévéré avec moi dans mes épreuves ». Les disciples sont les amis de Jésus, même Judas en fait partie jusqu’à ce qu’il le livre. Jésus, dans l’expérience de cette passion, fait face à l’instabilité de cette amitié. L’amitié est souvent vécu comme un idéal, c’est à dire que nous avons des amis jusqu’au moment ou leur faiblesse, leur finitude les éloignes de nous. Alors nous sommes décus, et parfois nous maudissons notre condition de solitude et de délaissement. A ce moment nous refusons notre humanité, Jésus Lui va jusqu’au bout à s’attacher à son humanité. Il reste fidèle en amour et en amitié alors meme que ses disciples ont peur et finissent par l’abandonner.
4 idées sur la croix
La première idée est chez Origène quand il nous dit « L’économie divine est basée sur l’obéissance libre à la volonté de Dieu ». Pour arriver à une obéissance libre il faut arriver à la confiance. Dieu veut nous guérir de la méfiance et de la « prudence » qui vient de l’ancien mensonge qui me convainc que Dieu ne m’aime pas, qu’il n’aime pas mon humanité et que l’amitié entre nous n’est pas possible. Et il faut que je sois quelque chose d’autre que moi pour être aimable. Comment Dieu peut il me guérir de cet ancien mensonge ? Saint Paul nous dit que l’amour de Dieu se révèle sur la croix. Dans la lettre aux Rm 5/ 6-7 : « Car lorsque nous étions encore sans force, Christ au temps marqué, est mort pour des impies. A peine mourrait-on pour un juste ; quelqu’un peut-être mourrait-il pour un homme de bien ». Et dans Rm 8/ 31 : « Lui qui n’a point épargné son propre Fils, mais qui l’a livré pour nous tous, comment ne nous donnera -t- il pas aussi toutes choses avec lui ? ». Ce mensonge se dévoile sur la croix. Dieu le père ne possède rien qu’il n’ait pas offert, donné. Mais pourquoi la croix ? Si Jésus était descendu de la croix à l’invitation des moqueurs pour qu’ils « croient en lui », il serait devenu le dieu du fait accompli. Il aurait fui son humanité. Tout le but de la croix est de nous dire que notre humanité mérite d’être vécue puique Jésus l’a ardemment voulue et vécue, lui qui nous révèle l’intime du coeur du Père. « le Fils ne peut rien faire de lui- même, il fait seulement ce qu’il voit faire par le Père » Jn 5 17 La deuxième idée est de l’Ancien Testament quand il nous parle de l’histoire d’un Dieu qui veut venir. Ce Dieu vient chez nous par sa parole et choisit par exemple Abraham ou Moise ou Isaïe et il lui donne cette parole. La lettre aux hébreux commence : « Après avoir autrefois, à plusieurs reprises et de plusieurs manières, parlé à nos pères par les prophètes, Dieu dans ces derniers temps, nous a parlé par le Fils, qu’il a établi héritier de toutes choses, par lequel il a aussi créé le monde ». Dieu vient souvent par sa parole et essaie de porter par celui qu’il a choisi cette parole au monde. Mais quel élu est sans péché ? sans rejet de Dieu et pourra vraiment la porter ? Qui est celui qui va oser porter sur lui-même cette aversion que les hommes ont pour un tel Dieu ? Ni Moise, ni David, ni Isaïe pourront vraiment, même s’ils s’en approchent en vivant chacun à leur façon leur « passion ». Seul Jésus, qui a porté cette parole jusqu’au bout, c’est-à-dire sur la croix, il est allé par fidélité au Dieu qui veut venir. Est-ce que Dieu envoie pour nous des croix ? Dieu n’aime pas la souffrance et la mort. Si c’était ainsi il aurait pu nous dire : « Faites vous souffrir les uns les autres ». Et ce n’est pas ce qu’il a dit !!! N’importe quelle souffrance n’est pas une croix. La présence de la souffrance dans notre vie est un mystère et nous savons que le mystère va disparaître un jour. Le jour où Dieu lui-même va essuyer chaque larme de nos yeux nous dit l’apocalypse. Nous sommes invités dans chaque souffrance à la logique de la croix. Qu’est-ce qui nous donne force pour voir dans chaque souffrance une croix ? Si tu vis la souffrance comme les douleurs de l’enfantement à ce moment- là la joie sera devient possible. La force de la croix réside dans cette possibilité de voir chaque souffrance comme une douleur d’un enfantement avenir. Est vraiment chrétien qui peut écouter le cri de l’humanité de le voir comme enfantement. Pour ne pas vivre cette souffrance comme quelque chose d’inévitable Saint Paul nous dit que l’Esprit Saint lui-même intercède par des soupirs inexprimables. L’Esprit Saint souffre avec nous. Dieu lui-même souffre avec nous. Nous sommes invités à lire les évènements de notre vie à la lumière des soupirs de l’Esprit comme douleurs d’enfantement. C’est une nouvelle lecture des événements. Sur la croix Jésus nous a donné le pardon. Comment ? Comment il réalise ce pardon ? La théorie que la justice de Dieu se réalise par la croix de Jésus est fausse et montre une image fausse de Dieu. Le psaume 40 affirme que Dieu ne veut pas des sacrifices. Le pardon est un avenir qui s’ouvre. Le pardon est un pari qu’il y a un avenir pour nous amitié malgré la souffrance. Sur la croix, Jésus a parié qu’il peut ouvrir pour lui un chemin d’espérance c’est-à-dire la résurrection et a parié sur l’homme : que la relation entre l’homme et Dieu mérite que Jésus meurt pour elle. Le pardon est ce pari sur l’avenir de cette relation. Comme nous l’avons déjà dit, que le seul qui peut pardonner à Caien c’est celui qui a pris la place d’Abel et pardonne à Caïn. Le sang de Jésus a été perdu pour qu’il puisse juger Caïn, mais au lieu de le juger et le condamner, Jésus a pardonné et est devenu l’intercesseur au lieu d’être l’accusateur. Par sa résurrection, il a donné un avenir à Abel. L’homme qui a donné sa vie a détruit par sa croix et son corps sur la croix l’ancienne hostilité entre Dieu et les hommes. Par la croix, s’accomplit la réconciliation parce qu’il a refusé d’abandonner les deux : Dieu et les hommes. Ces paroles se vivent seulement par la méditation