La passion de Jésus, est un spectacle difficile à regarder comme un acte d’amour parfait (voir Gibson). Pour cela, il faut entrer dans l’intimité entre le Père et le Fils. La relation de Jésus avec le Père est la seule qui pourra supporter les tensions, les incohérences et l’égarement du monde.
Comment contempler la passion
Nous sommes dans une période de la retraite qui approfondit le mystère de la passion du Christ et sa mort. Pourquoi ce temps ? Et comment y entrer ? voici deux clés pour rentrer dans ce mystère :
La clé de Pierre : nous demandons cette attitude quand nous demandons la « honte » ou la « confusion » de ne pas pouvoir être « au niveau ».
La clé de Marie : et cela en ressentant, même un petit peu, le sentiment du Seigneur dans sa passion.
Pourquoi la souffrance du Christ
La lettre aux hébreux (chapitre 5), enseigne que Jésus est le prêtre sauvé de la mort. Il n’a pas été sauvé de la mort sans mourir, mais il a traversé la mort. Il a appris l’obéissance bien qu’il soit le Fils. Il est rentré dans l’obéissance des évènements et de « l’économie divine ». Il est le maître de tout et est devenu obéissant aux évènements. La souffrance a été pour lui la leçon pour apprendre l’obéissance « et quand il a atteint sa perfection… ». La perfection en ceci qu’il est sans péché et pour connaître la réalité de péché, il a dû connaitre notre souffrance. Le Fils est prêtre par son humanité et dans son amour pour le père, il a souffert la passion du christ et a donc atteint la perfection de l’amour. Personne ne peut atteindre ce niveau de perfection dans sa vocation personnelle, sinon à travers le Père. Plutôt que de choisir de vivre « pour nous-mêmes » comme le Christ, notre vraie vie passe par l’adhésion à la volonté du Père céleste. Dans cette étape, nous nous rendons compte que nous ne sommes pas maîtres de notre destin. A l’exemple de Jésus, le Père est celui qui « fait en moi », et moi celui en qui « les choses se font ».
Le christ prêtre
Jésus était dans sa vie comme l’arbre qui est affermi et planté au bord de l’eau (psaume 2), alors que tous les gens étaient perturbés comme des brebis sans berger. En rentrant dans ce « temps » de la passion Jésus est devenu l’homme perdu et a accepté de revêtir cette « forme ». Pourquoi a-t-il voulu et accepté cela ? Pourquoi celui qui est bien affermi dans la vie accepte-t-il d’être perdu ? Parce que moi qui suis le perdu, Jésus a voulu être comme moi. Il a voulu être moi. Avec lui et en lui, j’ai obtenu le salut. Jésus a pris ce que nous avons et nous a donné ce qu’il a.
Du jardin des oliviers jusqu’à la croix, dans la passion nous voyons Jésus avec les grands cris et les larmes, priant et suppliant le Père. La relation du Fils était la relation du don parfait. C’est parfois difficile de voir la souffrance du christ comme un acte de parfait amour ! (voir le christ de Gibson). Pour cela, il faut entrer dans l’intimité entre le Père et le Fils. La relation de Jésus avec le Père est la seule qui pourra porter les tensions, les incohérences et l’égarement du monde. Quand le Père regarde Jésus, quand il regarde la passion , il me voit, il te voit, il voit chacun de nous. Jésus est devenu péché (séparé de Dieu) aux yeux du Père, c’est ce que nous nommons l’intercession.
La passion du christ est intercession.
L’intercession, c’est quand la relation de deux personnes devient une opportunité pour d’autres relations et qui donnent place à beaucoup de relations. Par la passion du Christ, Il est descendu au niveau le plus bas pour que cette relation devienne large, pour donner de la place à beaucoup de personnes. Cette relation du Père et du Fils, par la passion du christ, devient un havre de paix et de réconciliation. Quand je rentre à l’église, j’y entre avec mon corps qui porte une histoire marquée par des personnes et des évènements. Chaque personne a marqué ce corps et cette mémoire par une parole ou bien un comportement. C’est pourquoi je ne peux pas être tout seul devant Dieu. Et quand nous voulons prier pour les gens, il est préférable de nous laisser toucher par eux. La prière pour les autres, ce n’est pas seulement énumérer leurs noms, mais c’est de laisser habiter mes pensées, mon âme et mon corps par les personnes pour qui je prie.
Le plus grand service que je peux offrir au monde, c’est de me réconcilier avec moi-même. À ce moment-là, je peux aimer mon ennemi. Quand je travaille à connaitre, imiter Jésus, je suis configuré à Lui, et parfois ma vie va jusqu’à ressembler à sa passion. Alors, dans la relation du Père et du Fils, se rassemblent alors les contradictions de mon être. Ainsi, j’offre un grand service pour le monde.
Il est possible que traverser des souffrances n’apporte rien au niveau psychologique, mais spirituellement cela une grande fécondité. Le sou de la veuve ne contribue que très peu aux charges du Temple. Mais dans le Temple de Jésus, le Temple de la nouvelle adoration, ce sou est « plus que tous les autres ». C’est pourquoi le temps nous aide à donner un nouveau sens à toutes les choses que nous voyons en nous et dans le monde. A l’exemple de Job, l’homme qui est rentré en lutte avec Dieu devient un intercesseur. La passion est une intercession qui a porté tout le rejet du peuple contre Dieu. Quand les soldats sont venus pour arrêter Jésus, nous voyons Pierre qui prend l’épée. Jésus lui dit :
. Quand nous méditons l’attitude de Pierre, nous disons de lui qu’il est lâche, mais il était fort : il a eu peur de mourir comme un homme perdu et a voulu mourir comme un héros. Jésus refuse l’attitude de Pierre. Jésus lit les évènements comme le Père les lit et lui donne la coupe, qu’est-ce que c’est que cette coupe ? La souffrance, c’est le partage avec la souffrance de Dieu, le partage de la coupe de Dieu. Ce que Jésus a vu dans les évènements, c’est la coupe que Dieu lui donne. Pour ce temps, deux points de vue : historique et c’est que Jésus est un homme qui a fait une révolution et il a été tué. Et du point de vue du salut : ce que le monde a voulu comme mal pour Jésus, Dieu l’a transformé en salut. Ce temps, la passion du christ, est cette nouvelle lumière qui va transfigurer notre façon de voir le monde, nous même, et les autres.