Mon appel, ma vocation, n’est pas une chose pré déterminée à laquelle il faudrait se soumettre. C’est au contraire une suite de choix à poser, certains grands, d’autres plus petits pour que ma vie soit une réponse à cet amour divin qui me dit « sois, existe devant ma face, déploie les dons que je t’ai fait, vis ta vie et en faisant tout cela, viens et suis moi ».
Le chemin parcouru
Lorsque nous avons commencé notre retraite chacun est y est entré avec l’intention d’une grande générosité et détermination. La générosité, qui est absolument nécessaire à une telle entreprise, c’est entre autre accepter les « circonstances » intérieures et extérieures de la retraite. En effet, le désir de Dieu à propos de cette retraite est plus grand que le nôtre. Et c’est pourquoi Il nous rejoint quelque-soient les circonstances. En retour, chacun montre son désir de ne pas faillir et donc de lire à travers sa vie les traces de l’œuvre de Dieu pour mieux comprendre, et donc grandir dans l’amour, et devenir… ce que Dieu l’appelle à être ! Cf Rm5/1-11. Parmi les circonstances intérieures de la retraite nous trouvons la désolation que nous pouvons sentir durant cette étape. Pour bien comprendre cette étape nouvelle dans laquelle nous somme il est utile de se souvenir du chemin parcouru. Au début de notre retraite nous avons pris conscience que le Dieu créateur nous veut libres et heureux dans notre vocation d’être humain en louant, révérant, et servant le Seigneur. Cela nous à permis de prendre conscience de l’amour indéfectible et inouï qu’il nous manifeste. Lui dont la volonté pour chacune et chacun de nous est que se développe notre être. Un peu comme s’il nous dis « sois, vis, existe, telle est ma volonté et ma joie ». En découvrant cet amour tellement unique pour nous, nous avons mesuré la distance qui nous sépare de lui. En prenant conscience de cette distance nous avons demandé la grâce de le connaître et de nous connaître pour le laisser détacher de nous les fausses images de Dieu, les péchés, ces enfermements sur nous même. Lors de l’appel du roi nous avons décidé et proclamé quel royaume nous voulons servir. C’est ensuite en méditant l’incarnation et l’enfance de Dieu que nous avons reçu à nouveau notre humanité comme la perle que Dieu aime et qu’il veut retrouver, nous laissant convaincre de l’amour de Dieu dans les détails les plus simples de la vie humaine. Nous sommes maintenant dans l’étape de l’élection. C’est-à-dire le moment ou nous méditons sur la vie publique de Jésus ou il annonce la bonne nouvelle. Le moment où il dit très concrètement « suis-moi » d’une façon très spécifique à
chacun. D’où la question qui nous habite : Comment puis-je me comporter dans ma vie pour être davantage au service de la mission du Christ ? Attention tu ne peux te poser cette question que si tu as découvert que Dieu ne désire qu’une seule chose : que tu vives, que tu existes que ton être se déploie dans l’amour et le don de toi. Pour pouvoir vraiment entrer dans cette étape il est essentiel que tu sois convaincu de son désir de te ré-créer et donc que tu te sente vraiment un pécheur pardonné qui a fait l’expérience de la gratuité du pardon de Dieu et qui comprend donc la gratuité de la re-création qu’est son appel pour toi. Il t’appelle par ton « nom ».
Comment se « fabrique » un appel ?
Cet état de pécheur pardonné appelé à vie est toujours en cours de création. C’est ce qui explique qu’il soit toujours exposé à désirer le néant repoussant la parole créatrice. Mon appel, ma vocation, n’est pas une chose pré déterminée à laquelle il faudrait se soumettre. C’est au contraire une suite de choix à poser, certains grands, d’autres plus petits pour que ma vie soit une réponse à cet amour divin qui me dit « sois, existe devant ma face, déploie les dons que je t’ai fait, vis ta vie et en faisant tout cela, viens et suis moi ». Ces choix sont parfois vécus difficilement car beaucoup de « voix » parlent en nous. Dans cette étape elles indiquent généralement le bon, le bien le vrai … et la difficulté vient du choix à faire. Qu’est ce qui est le meilleur pour laisser s’épanouir la volonté de Dieu dans ta vie. Le pécheur pardonné regarde son Sauveur et demande, avec gratitude, avec humilité, que le Sauveur prenne sa vie pour accomplir son plan du salut. Mais ceci est demandé différemment à chacun. Pour quelques-uns Dieu leur dit “ Ta foi t’a sauvé. Va en paix.” Et pour d’autres il dit: “ va vends tout et Suis-moi”. Oui, la volonté de Dieu dans ma vie, c’est mon salut, c’est ma libération des projets qui forment ma vie mais qui ne sont pas vraiment les miens. Projets de mes parents sur moi, de mon patron, de mon conjoint… ou mon évêque… Mais aussi les projets que je me suis fixés et qui ne conviennent pas à ce que je suis au plus profond. Lorsque une âme se trouve libérée de tous ces projets « parasites »… elle découvre une réalité très profonde en elle mème : le désir de se donner. A ce moment-là, la volonté de Dieu se révèle d’une façon beaucoup plus radicale. Celui qui dit à Dieu: “ Fais de moi ce qu’il te plaira” doit s’attendre à ce que Dieu le prenne au mot … C’est alors seulement que nous pouvons dire: “ la volonté de Dieu c’est que je sois ici ou là-bas, ou que je me comporte d’une façon ou d’une autre ». Dieu révèle sa volonté, très concrètement, en poussant mes désirs dans le sens de sa volonté. Mon désir le plus profond c’est l’appel de Dieu pour moi et il s’incarne dans des décisions concrètes …Cet appel divin c’est le même : cet appel à manifester dans mon être la lumière divine. Dieu nous appelle en nous révélant un nom nouveau. Un nom que la bouche de Dieu prononce et qui est une nouvelle création.(Is 62-2) C’est par ce nouveau nom, que seul connaît celui qui le reçoit (apocalypse 2-17) que Dieu nous appelle à l’être. Ce nom c’est notre avenir en Dieu, notre être profond transformé, illuminé par la grâce de l’esprit saint. Il faut éviter à tout prix d’avoir une relation idolâtre par rapport à la volonté de Dieu. Comme si Dieu a une volonté sur ma vie indépendante de mon cheminement. Comme si celui qui m’a dit depuis toujours, « sois » je veux que tu vives que tu existes, il me disait maintenant oublie ce que tu es et « sois ceci ou cela » (religieux, religieuse, pretre, catéchiste…bref quelque chose! Mais pas toi ! ). Par sa volonté, Dieu me crée et me rend libre, cocréateur de ma propre vocation et de l’avenir du monde. La liberté est toujours un combat, un conflit contre les paroles qui veulent m’emprisonner dans une certaine identité: sois comme ci ou sois comme ça, mais aussi un combat contre moi-même : afin que ma peur, mon insignifiance, mon désespoir ne m’empêchent point d’atteindre mon nom.
C’est bien là que se trouve la difficulté de cette étape… Comment découvrir mon nom ou mon appel ? Comment faire l’expérience de la volonté de Dieu qui s’exprime à travers mes désirs ? Comment prendre la bonne décision dans ma vie ? Dans une certaine mesure, il suffit que Dieu travaille en moi afin d’atteindre petit à petit mon nom. En réalité, la retraite c’est l’expression de ce désir. La retraite n’est que cette préparation à la grâce qui me mène à ce nom qui m’est propre. Pistes pour discerner
La retraite est une lecture et un discernement, c’est une compréhension du mystère de ma vie à la lumière du mystère de la vie du Christ. Ma familiarisation avec la vie du Christ devient pour moi une conscience nouvelle, une intuition, un sens nouveau qui reçoit les empreintes de Dieu. Ainsi je deviens conscient par où Il me mène, non pas une connaissance scientifique mais une connaissance de foi et d’existence qui n’est implique liberté et mon désir. Dans cette retraite, nous atteignons cette conscience suivant trois données : la vie de Jésus, le discernement, les circonstances de ma vie.
- La vie de Jésus: Le Fils unique qui est dans le sein du Père depuis avant la fondation du monde à son incarnation prend le nom de Jésus. Ce nom contient tous nos « noms ». Au bapteme la voix du père fait entendre « Tu es mon fils bien-aimé » sur Jésus dans le temps. Ce même « nom » de « fils bien aimé » se dit à propos de nous aussi. Le Père en nous appelant par notre nom, révèle en nous le Fils. Jésus, Fils de
Dieu Unique, devient le premier-né pour plusieurs frères. Jésus est la volonté de Dieu qui s’est révélé en un homme. La contemplation des mystères de sa vie (nous parlons ici de mystère en tant que réalité visible qui nous révèle une réalité invisible) nous met au diapason avec la volonté de Dieu. Dans tous nos exercices durant cette retraite nous cherchons à intégrer ce que nous contemplons dans les motivations de notre cœur. Ce que nous cherchons ici c’est de tomber amoureux par l’habitude de se mettre en présence du Christ. Le chemin de Jésus a été pris pour me sauver, c’est lui qui révèle à moi aussi mon chemin vers Dieu. Jésus est le chemin. - Le discernement des esprits: les exercices laissent des traces dans nos émotions. A travers lesquelles nos cœurs s’attachent (et par conséquent nos énergies vitales) à des projets ou des ambitions qui nous permettent de découvrir nos désirs profonds. Et quand nous lisons ses désirs nous comprenons clairement et d’une façon distincte le lieu de notre bonheur c’est-à-dire notre consolation continue. La consolation c’est essentiellement la voix du Père qui nous appelle par notre nom. Et afin de ne pas mélanger les noms et les pères, nous apprenons comment nos cœurs peuvent se tromper par les fausses consolations qui ne mènent pas au bonheur.
- Les circonstances de ma vie: les circonstances de ma vie réelle sont la matière première où se révèle ma filiation à Dieu. La réalité c’est comme le corps de la mère de Dieu, elle porte en elle le fils qui va faire de moi fils ou fille de Dieu. Dans la lecture des circonstances de ma vie, je vois et je lis l’œuvre de Dieu et ses paroles comme je lis les formes et les genres des tentations qui essayent de me tromper. Je
mets ma confiance dans la Providence divine qui sait comment conduire toutes choses pour me mener à mon propre bien. Puis je me demande: Que dois-je accepter tel qu’il est dans ma vie et que dois-je changer? Suis-je devant une décision stricte et déterminée ou bien devant une attente patiente et un développement lent? Sans doute, nos lectures vont être influencées par des facteurs psychologiques et culturels diverses. Ces facteurs sont une partie des circonstances par lesquelles Dieu fait son œuvre de création.
Quelques questions pour faire le point
- En relisant mon principe et fondement, aujourd’hui, quels sont les points qui me semblent acquis ?
Qu’est ce que j’ai l’impression de devoir transformer ? - En relisant mes notes depuis le début de la retraite, tous les points de consolation / tous les points
de désolation qu’est ce qui apparaît ? - Jusqu’à présent qu’est ce qui s’est modifié en moi dans ma perception de la volonté de Dieu sui
moi ? - Quels sont les choix qui m’apparaissent au point ou j’en suis ?
Répondre pour soi aux questions et en parler à l’accompagnateur.