Qui a le droit de lever la condamnation ? Caen a tué son frère, et Abel est lèzé, on lui a pris ce qu’il avait de plus cher : sa vie. La fraternité entre eux est détruite. Qui pourra faire revenir Caen, tueur de son frère Abel, à la fraternité ? Personne d’autre qu’Abel lui même. Et c’est bien cela pardonner.
Comment Jésus nous sauve-t-il ?
Qui a le droit de lever la condamnation ? Caen a tué son frère, et Abel est lèzé, on lui a pris ce qu’il avait de plus cher : sa vie. La fraternité entre eux est détruite. Qui pourra faire revenir Caen, tueur de son frère Abel, à la fraternité ? Personne d’autre qu’Abel lui même. Et c’est bien cela pardonner. C’est comme si Abel dit à Caen, malgré ce que tu m’as fait, malgré ce que j’ai perdu à cause de ton geste, je crois qu’il y a un avenir pour nous et j’accepte de le vivre avec toi. Or Abel est mort. Si Dieu pardonne à la place d’Abel il usurpe le droit d’Abel. Dans la tradition juive on octroie à Abel le rôle de juge sur tous les hommes parce qu’il est « la » victime. Si Jésus peut nous sauver c’est qu’il prend, lui-même, la position de la victime, le seul qui peut accorder le pardon. Il est LA victime qui a choisi elle-même cet état. Jésus dit :
« Ma vie personne ne la prend, c’est moi qui la donne ».
Jn 18/ 10
Il dit aussi
« Dieu, en effet, n’a pas envoyé son Fils dans le monde pour qu’il juge le monde, mais pour que le monde soit sauvé par lui. »
Jn 3,16 :
La racine du mal : un doute sur Dieu
Nous avons besoin du pardon parce que par le péché nous sommes rentrés dans une contradiction : nous voulons le bien et nous faisons le mal (Rom 7,19). Cette contradiction est la résultante du péché qui habite le monde avant mème que nous y soyons nés. Nous découvrons cela en nous, alors que nous, nous voulons la réconciliation mais c’est la défiance envers Dieu qui nous habite. Quand nous connaissons Dieu et qui il est, nous sommes en mesure de nous réconcilier avec Lui.
« Lorsque le Fils de Dieu paraîtra, nous serons semblables à lui parce que nous le verrons tel qu’il est. »
1 Jean 3, 2
Sur la croix, Jésus nous a montré qui est Dieu en vérité. Nous découvrons ce Dieu qui refuse de condamner, qui choisit la dernière place pour qu’il soit désormais impossible d’avoir encore peur de Lui. C’est Lui qui fait ressusciter les morts et qui appelle à l’existence qui n’existe pas. C’est Lui qui pardonne tous les péchés car il s’est fait la victime du mal, volontairement et par amour pour chacun de nous. La racine du péché, c’est notre méfiance par rapport à Dieu. Nous croyons qu’il nous aime mais « sous condition ». Ce mensonge fait que nous sommes devenus incapables de continuer à aimer, parce que nous ne croyons pas que Dieu nous a aimé vraiment et jusqu’au bout. La racine du péché est selon Rm 3,32. « l’ancien mensonge » celui qui me fait croire que Dieu m’aime mais sous conditions. Ce mensonge est dénoncé avec ce que Dieu nous dit par Jésus l’attitude de Jésus sur la croix. Comme s’il disait à toute l’humanité ce que dit le père de la parabole « Tout ce qui est à moi est à toi ». Dans la première lettre de Jn 3 : « Regardez avec quel amour Dieu nous as aimé » et « si votre cœur vous condamne, Dieu est plus grand que votre cœur » 1Jn 3,20.
le salut : la mise en évidence de l’amour sans limite de Dieu
Il y a dans Isaïe 59 ,16 une scène triste qui nous dit que Dieu est surpris parce qu’il n’y a personne qui se tourne vers Lui pour recevoir la réconciliation, personne qui lui dise « oui » pour de bon, qui lui dise « me voici ». L’amour et le pardon de Dieu reste inopérant parce qu’il n’y a personne pour le recevoir et se réconcilier avec Dieu.
Est-ce normal qu’il n’y ait personne ? Celui qui oserait et qui dirait « me voici » deviendrait « sauveur » comme Abraham qui intercède pour Sodome. Mais il n’y a personne !
Le livre de l’Apocalypse 5,5 décrit que dans la main de Dieu il y a un livre scellé par sept sceaux et il n’y a personne qui l’ouvre ni sur la terre ni dans le ciel. Jean le visionnaire pleure beaucoup car personne ne peut l’ouvrir. Or justement il y a quelqu’un qui peut. L’agneau immolé. Jésus homme a osé et a dit « me voici au père». Jésus en dit « oui » à la volonté du père, c’est-à-dire qu’il guérit les malades, pardonne les péchés, annonce la bonne nouvelle aux pauvres, mais aussi proclame la vérité sur l’amour de Dieu en face de la dureté des pharisiens. En acceptant ainsi de « témoigner » de qui est Dieu en vérité le « péché » c’est-à- dire la négation du vrai Dieu Jésus est rejeté.
« il est venu dans le monde et le monde ne l’a pas reconnu »
prologue de Jean
Et c’est parce que « le monde » rejette Jésus qu’il il est mis en croix. Et comme Jésus reste fidèle à la volonté du Père malgré la souffrance (père non pas ma volonté mais la
tienne), alors le supplice de Jésus n’est plus quelque chose d’horrible mais devient sublime. La croix devient la manifestation éloquente de qui est Dieu en vérité. En Jésus homme et Dieu, l’homme reste fidèle à Dieu et Dieu à l’homme.
Quand l’homme ose dire à Dieu « me voici », il prend fait et cause pour Dieu et par voie de conséquence porte sur lui l’hostilité du monde envers Dieu. Hostilité qui vient du mensonge du serpent à propos de qui est Dieu. Cette hostilité existe dans le monde et tombe sur les épaules de celui connaît le père (qui me voit voit le père) et qui accepte la volonté du père c’est-à-dire de le manifester pour sauver le monde. C’est ce qui s’est passé avec Jésus depuis le début de sa vie jusqu’à sa fin. Jésus nous a sauvé parce qu’il a osé et dit « me voici ». Le but des semaines qui sont passées c’était de reconnaître qui est notre Sauveur, et à notre tour avec Jésus accepter de dire au Père « me voici » et ainsi devenir ressemblant au Christ et ainsi à notre mesure manifester au
monde la bonté extraordinaire du Père.
Les racines du péché dans notre cœur
Les sentiments désagréables :
Beaucoup de péchés sont rattachés à l’esprit de colère, la tristesse, la jalousie. Ces sentiments désagréables sont des réactions de notre vie psychologique. Il est très important de reconnaître le rôle que jouent ces sentiments dits « négatifs ». Ils témoignent de ce que nous sommes en train de vivre, ils sont comme un système de guidage qui nous permet de savoir de façon très sure l’état de notre âme. La tristesse dit que j’ai perdu quelque chose qui m’est cher, la colère que je me sens en danger… Cette information est très importante, car elle m’invite à passer à l’action. Faire le deuil de ce que j’ai perdu pour devenir capable de trouver ma joie autrement… me protéger contre le danger. Si je ne passe pas à l’action je risque de tomber malade et probablement de pécher contre moi mème, par manque d’amour de soi. …
les vices et les vertus
Si ces mécanismes de défense sont normaux très souvent ils donnent lieu à des réactions mauvaises. Il est bon de réagir avec force lorsque quelqu’un empiète sur notre droit. Par exemple une personne dégrade les carnets de chants de la paroisse… je vais intervenir si nécessaire avec autorité et un peu de force. Si une personne m’agresse dans la rue ou agresse quelqu’un de faible je vais me mettre en colère et défendre le droit. C’est la sainte colère. Mais il se peut aussi que l’agresseur soit une personne « typée » et que j’aie un jugement sur ces personnes-là et que je sois plus violent que nécessaire pour faire stopper le mal. Je pèche par jugement et par violence ou agressivité sur cette personne. C’est très subtil. Souvent par éducation ou parce que nous avons nous même pris des décisions nous péchons par habitude. C’est ce que l’on appelle des « vices » : des habitudes qui nous conduisent à pécher. A ces vices nous pouvons opposer des « vertus » c’est-à-dire des bonnes habitudes. Avec le temps s’est forgé ainsi ce que nous appelons
notre caractère et qui risque de nous paraître banal.
L’origine spirituelle de nos « sentiments négatifs »
Parfois nous nous mettons en colère, même pour une cause juste, et notre colère est disproportionnée car nous nous révoltons aussi contre les autres ou/et contre Dieu. Un peu comme si le monde nous devait quelque chose, comme si nous avions un droit sur Dieu et nous l’accusons « qu’est-ce que j’ai fait au bon Dieu pour qu’il m’arrive ceci ou cela ! » En d’autres moments, nous ressentons la colère à cause du désordre. La colère est alors rattachée au désir de tout contrôler. Nous sommes alors en colère qu’il y ait quelque chose qui change dans nos plans. A la limite nous voudrions être tout puissants. Poussé à l’extrême ce désir de tout contrôler est un refus de notre condition de créature. Elle vient d’une crainte de ne pas être considéré. Une crainte de ne pas avoir de valeur et in fine ne pas exister.
Guérir ces causes spirituelles
La solution est de retrouver une relation de confiance avec Dieu. Quand je crois en profondeur en celui qui a donné son fils pour moi je peux abandonner la tentation d’être tout-puissant. Ce qui « guérit » en profondeur cette colère c’est l’abandon ou dit autrement le « lâcher-prise ». Alors la colère peut commencer à disparaître. C’est un long chemin car la « toute puissance » et la « colère » sont un système de protection de notre nature blessée. Si la force de la volonté nous est utile pour éviter de « passer à
l’acte » par la violence par exemple, le vrai remède est tout le contraire d’une action « à la force du poignet ». C’est un lâcher prise entre les mains de cet autre qui m’aime et en qui j’apprends à faire confiance.
Les péchés qui sont rattachés à notre vie sexuelle
La sexualité est un dynamisme créé par Dieu. Les péchés qui s’y greffent détournent le magnifique désir originel que Dieu a mis en nous, ce désir de relation et de fécondité. Notre vie sexuelle qui est le dynamisme biologique qui nous pousse à aimer est blessée dans sa dynamique. Après le péché Dieu dit à Eve : « Tes désirs se porteront vers ton mari, et il dominera sur toi ». Ce n’est pas ce que Dieu voulait à l’origine. Il s’agit des conséquences du péché qui ont frappé la relation entre l’homme et la femme. Cette relation est donc blessée par le désir de contrôler et de séduire. Ce n’est plus une relation de communion mais une relation de domination. Or nous voyons que Eve a été créée à partir d’Adam dans son sommeil. Cela signifie que Adam n’a pas main mise sur elle. Eve reste un mystère pour Adam. A aucun moment, dans la volonté de Dieu, il n’est supérieur à elle. Il ne peut pas la connaître sauf s’il entre dans une relation d’échange avec elle pour qu’elle se dévoile. Dans le texte du cantique des cantiques qui chante cette réciprocité est écrit « Je suis à mon bien-aimé et mon bien-aimé à moi ». Cette relation de communion se réalisera pleinement un jour, mais dans le temps présent elle demeure une relation menacée par la domination et la séduction. Le péché qui se greffe sur la sexualité vient de la déstructuration de cette relation : la domination. Cela veut dire que croiser une personne, la trouver belle et ressentir une attraction sexuelle pour elle est pur et bon. Ce désir qui est en nous envers l’autre est quelque chose de très sacré. Le péché s’insinue lorsque je prends possession de telle scène, de telle situation et que je domine la personne (en acte ou en imagination). C’est alors que j’élimine l’humanité de l’autre, ce n’est plus qu’un objet à mon service. C’est là que réside le péché. Parmi ces péchés, il y a ce qui concerne la masturbation. On trouve là deux grands problèmes. Le premier c’est quand j’élimine l’autre et je m’arrête à l’auto-suffisance. Je ne veux pas avoir besoin de l’autre et je veux satisfaire ma faim à l’instant même, c’est aussi une manière d’éloigner l’autre. Le péché dans la masturbation est un péché de délaissement. Le deuxième grand problème avec la masturbation c’est que je me prive d’une force très puissante et que donc, ma vie risque de devenir terne, vide de relations, centré sur moi, mon imaginaire et finalement tuer la vie en moi.
Encore d’autres péchés, amour de l’argent, orgueil, égoïsme désespoir jalousie…
Mais il y a des péchés bien plus grave que les péchés sexuels.
- Saint Paul nous parle de l’amour de l’argent. Et c’est un amour possessif (la forme, la terre, la beauté). Pourquoi nous voulons la possession ? Parce que nous voulons des garanties d’être aimable. Nous voulons être aimés. De là nous essayons d’avoir tout ce qui peut nous rendre aimables les talents, l’argent, la beauté. Mais tout cela est voué à la finitude et par conséquent les garanties n’ont pas de sens. L’image que nous trouvons dans la Bible sur cette possession c’est dans le texte de l’homme riche qui veut posséder le fait d’être aimé. Jésus lui lance le défi de la pauvreté le défi d’être plutôt qu’avoir, mais il n’est pas encore prêt et repart tout triste.
- Un des Pères orthodoxes dit ( Sofroni : l’intelligence saine) : il y a des péchés répétitifs et des habitudes qui ne peuvent être vaincues que quand je sème en moi d’autres belles habitudes. L’orgueil Le problème de l’orgueil c’est que mon désir de se débarrasser de l’orgueil porte en lui- même de l’orgueil. « Moi je suis quelqu’un qui a aquit beaucoup d’humilité ! » Nous devons savoir premièrement que l’humilité c’est la confession de l’orgueil. Mais Dieu vient à notre secours et nous aide à nous débarrasser de l’orgueil quand il permet la désolation ou les ténèbres
de l’âme, et mème le péché pour que nous prenions conscience que nous ne sommes pas la source de bien. - L’égoïsme: Tous les humains sont égoïstes. Car c’est cet égoïsme qui permet de se bâtir de trouver une place dans la société. Pour sortir de cette obsession sur moi-même je ne dois pas me concentrer sur moi mais sur les autres. Quand on demande à Jésus « qui est mon prochain », il donne la parabole du bon Samaritain.
- La tentation du désespoir caché : Nous trouvons ce genre de tentations chez Zacharie le prêtre, dans l’évangile de Saint Luc, parce que nous trouvons dans la vie de ce prêtre une grande tristesse pour sa stérilité. Au fond de lui il n’attend plus que Dieu lui donne un fils. Le désespoir s’est glissé dans sa vie sans qu’on le remarque, et c’est pourquoi il n’a pas cru l’ange. On vit dans cet état quand on expérimente plusieurs déceptions répétitives avec une absence de l’intérêt des autres pour soi. La tentation du désespoir caché atteint les prêtres en particulier. C’est alors qu’un prêtre accomplit pleinement ses devoirs mais qu’en parallèle il a une autre vie cachée (il collecte l’argent, les timbres ou bien mène une relation cachée). On ne doit pas se précipiter à blâmer cet homme, mais on doit savoir qu’il a eu une vie difficile (celle, pas exemple, d’avoir, au début de son sacerdoce donné beaucoup de lui-même avec une grande générosité, et qu’il n’a pas trouvé de l’encouragement ou de la reconnaissance.
- La tentation de la comparaison : Sa présence en moi et entre les hommes est un signe que j’ai peur d’être oublié. De là vient la jalousie parce que j’ai peur que les autres puissent se passer de moi. Nous avons peur du temps et des changements et nous oublions que nous sommes uniques devant Dieu. Nous rentrons dans la « spiritualité de la production » qui est une logique qui tue l’homme. L’homme n’est pas une machine parce qu’il n’est pas un moyen de production, il est appelé à porter du fruit. L’arbre (qui est vivant) donne des fruits alors que le bâtiment (qui est très performant) ne donne pas de fruits mais est simplement fonctionnel. Je suis atteint par cette tentation quand j’adore le démon du succès. Pour cela Dieu met parfois une âme à dure épreuve parfois jusqu’à l’échec de la fécondité. C’est ainsi que, comme l’arbre, nous pouvons accepter les saisons de notre vie pour porter un fruit du royaume de Dieu.
- Le démon de l’insignifiance (de la banalité): L’insignifiance c’est quand je n’accepte pas d’être à la hauteur de l’évènement. Quand je ne sais pas être à la hauteur de l’attente des hommes. Cela ressemble à la question des pharisiens au paralysé depuis 36 ans. Alors qu’il vient de se lever après 38 ans de vie grabataire, le soucis des pharisiens c’est de savoir s’il est permis ou pas de porter le grabat ! Question totalement insignifiante et pas à la hauteur de la situation