Pour entrer paisiblement dans cette expérience de mise en lumière de nos profondeurs, souvenons-nous que notre vérité ultime, c’est cet être que Dieu a créé par
amour, béni, et dont le créateur se réjouit.
Comment recevoir le pardon de Dieu
Cette étape dans la retraite nous mène à connaître Dieu sauveur, le connaître d’une connaissance
personnelle. Le slogan de cette étape, c’est :
« Vous connaîtrez la vérité et la vérité vous rendra libre ». ( Jn 8/ 38).
Quand nous connaissons l’Esprit de Vérité, il nous rend libres et nous révèle nos ténèbres parce qu’. Il nous aime et qu’il aime la vérité. Pour entrer paisiblement dans cette expérience de mise en lumière de nos profondeurs, souvenons-nous que notre vérité ultime, c’est cet être que Dieu a créé par
amour, béni, et dont le créateur se réjouit. Ce n’est pas le péché, la faute. Durant cette étape, nous pouvons faire l’expérience de l’égarement de notre âme, mais gardons confiance dans le pardon de Dieu. C’est dans la mesure où nous acceptons la mise en lumière de notre égarement que nous pourrons expérimenter dans notre « chair » l’amour et le pardon de Dieu. Pour vraiment expérimenter le pardon. Il est très important d’accepter de mettre en lumière notre péché. De cette façon, l’amour de Dieu pour nous cesse d’être une belle idée, cela devient une réalité tangible. Jésus dit à Simon
« celui à qui on pardonne peu montre peu d’amour Luc 7,48».
Le péché de la femme adultère est une porte qui ouvre son cœur à l’amour de Jésus. Jésus dit d’elle « ses nombreux péchés ont été pardonnés parce qu’elle a montré beaucoup d’amour ». Et justement, quand nous expérimentons l’amour de Dieu, nous comprenons combien nous sommes loin d’aimer vraiment. C’est alors que nous comprenons combien nous sommes encore loin de l’amour tel que Dieu nous appelle à le vivre et donc… pécheurs. C’est pour cela que les saints ont une conscience de leur péché très aiguë. Une recommandation cependant pour cette étape : nos découvertes dans ces semaines peuvent être nouvelles pour nous, mais pas pour Dieu. Le Père ne voit qu’une chose en nous : sa parole qui a créé notre être et qu’il veut voir grandir. Malgré toutes les ténèbres que je vois maintenant, l’amour de Dieu m’est offert non pas grâce à mes mérites, il m’est donné.
Les degrés du pardon de Dieu
le pardon de Dieu est une nouvelle création
Le pardon ce n’est pas une gomme, parce que la gomme élimine ce qu’elle « gomme ». Si Dieu voulait gommer le péché qui est en moi il abolirait par le fait même ma liberté. Dieu n’oublie pas les péchés. Lorsque Dieu pardonne, il sépare entre le pécheur d’un côté et son péché de l’autre.
«Aussi loin est l’orient de l’occident, il éloigne de nous nos péchés » (ps 103,12)
Le pardon dans la Bible c’est la séparation du pécheur de son péché. C’est une nouvelle création. C’est dire à l’autre « avec tout ce qui s’est passé, il y a un avenir entre moi et toi ». C’est ce qui se passe entre deux époux lorsque l’un a trompé son conjoint et qu’ils renouvellent leur relation. Le pardon coûte cher. Jésus a réalisé pour nous ce pardon quand il a dit au Père :
« Père, pardonne-leur parce qu’ils ne savent pas ce qu’ils font ». (Lc 23/34).
Et c’est ce qui s’est passé aussi dans l’histoire de Caen et Abel : Dieu parie qu’il pourra reprendre le chemin de la fraternité après avoir tué son frère. C’est pourquoi Dieu a refusé qu’il meure. Pardonner c’est parier sur l’homme qui est plus grand que le péché.
Le pardon de Dieu transforme le péché en lumière
Nous ne pouvons atteindre ce degré qu’une fois profondément visités par la grâce. C’est l’étape où je vois le péché comme une lumière, ou un amour blessé et défiguré. La tentation dans l’histoire d’Adam et Ève était qu’ils voulaient devenir comme des dieux, alors que leur vocation est justement d’être « un avec Dieu ». C’est très important. La racine du péché en moi, c’est ma vocation la plus profonde, mon désir le plus intime qui est faussé, dévié. Ma vocation même se trouve dans un lieu vital en moi, un lieu que je délaisse et qui me fait mal. C’est pourquoi recevoir le pardon est si important, car il permet d’ouvrir à nouveau le chemin vers cette profondeur. Mon péché dans sa racine révèle « en creux » ce que je suis pour Dieu. Ce « nom » que le créateur donne à chacun et que nul ne connaît sinon celui qui le reçoit (Ap 2,17). Pardonner et recevoir le pardon permet de retrouver l’accès à celui que nous sommes, l’agresseur et la victime… Nous ne pouvons pas le faire tout seul. Derrière notre péché se cache une vraie lumière et une recherche réelle de l’amour. C’est ce que Dieu perçoit lorsqu’il accueille un pécheur. Il décèle une recherche d’amour, une recherche qui a perdu le bon chemin, il voit la lumière au milieu de mes ténèbres.
L’action de grâce pour le péché
C’est quand le pécheur pardonné se rend compte du bien qu’il tire de l’expérience qu’il peut dire avec saint Augustin : « Bienheureuse faute qui nous a valu un tel sauveur ». Le pardon de Dieu, c’est quand le Seigneur prend avec moi le chemin de la mort pour me faire parvenir à la vie. C’est à travers mon histoire amère que je veux devenir moi-même, c’est-à-dire celui que Dieu veut ; ce nom nouveau qu’il me donne. L’histoire de Joseph avec ses frères dans le chapitre 50 du livre de la Genèse montre bien cette action de grâce pour le péché commis et pardonné jusqu’au bout. Joseph a dit à ses frères : « Vous aviez planifié de me faire du mal : Dieu a changé ce mal en bien, pour accomplir ce qui arrive aujourd’hui, pour sauver la vie d’un peuple nombreux » (Gn 50, 20). Dieu a fait jaillir du mal un bien pour ses frères et c’est là que se révèle la puissance inouïe du pardon.